Une expérience de lithographie
J’avais un tout petit peu abordé la technique de la lithographie lorsque j’étais aux beaux-arts, et le souvenir que j’en avais se résumait à deux choses: le grainage de la pierre (son poids lors de la manipulation, les mouvements pour la grainer et la force qu’ils mobilisent), et la profondeur des noirs lors de l’impression. C’est peu, mais suffisant pour me donner envie d’en refaire.
Après avoir réalisé mes tests à l’encre et lavis sur papier, je suis donc allée travailler à l’atelier de lithographie Clot Bramsen et Georges à Paris.
Armée de quelques-uns de mes pinceaux-fétiches, je me suis trouvée devant une pierre déjà grainée, quel confort!
Armée de quelques-uns de mes pinceaux-fétiches, je me suis trouvée devant une pierre déjà grainée, quel confort!
Le travail sur la pierre
J’ai attaqué ma pierre avec un lavis, et grande a été ma surprise de m’apercevoir qu’il s’agissait de patouiller dans une sorte de bouillon mi-eau mi-gras, que je pouvais triturer autant que je le souhaitais.
Pas de geste définitif comme sur le papier, pas de non-retour comme à l’aquarelle… Le fait que cette encre se laisse manipuler presque à l’infini a quelque chose d’absolument magique. La possibilité de la triturer s’arrête au moment où l’eau s’évapore: le gras en suspension dans l’eau se fixe dans les pores de la pierre, et le lavis est alors fixé.
Repentir, toujours…
Mais tant que la pierre n’est pas préparée à l’impression, il reste encore des possibilités d’intervention: il suffit d’enlever l’encre en la grattant ou en la diluant. Ces possibilités de repentir sont évidemment impressionnantes lorsqu’on a l’habitude de travailler à l’encre ou à l’aquarelle. Mais j’ai préféré ne pas en abuser: la vigueur du geste premier me paraît préférable au bricolage interminable.
À part les caractéristiques d’émulsion du lavis, l’autre fait troublant est que l’encre n’est pas vraiment noire, et que la pierre n’est pas blanche…
Voici quelques images des étapes du dessin sur la pierre.
Le début des jeux avec le lavis gras |
Détail du lavis: l’eau commence à s’évaporer, mais il est encore possible de patouiller |
L’encre a séché, le gras s’est déposé sur la pierre |
Le dessin sur la pierre terminé. Il s’agit de ne pas oublier que l’image est à l’envers! J’ai vérifié qu’elle tenait la route dans l’autre sens avec un miroir (et en retournant une photo)… |